L'actualité dans la recherche sur l'amylose cardiaque

L’évolution de la recherche sur les amyloses cardiaques

L’année 2023 a été particulièrement riche dans le domaine de la recherche dans les amyloses cardiaques. Plusieurs communications et publications ont rapporté les résultats des essais de l’anticorps NI006, du patisiran et de l’acoramidis dans les amyloses cardiaques à transthyrétine (ATTR-CM). Ces médicaments sont à différents niveau de maturité dans leur développement et dans leur déploiement potentiel en France en accord avec les institutions Françaises.

 

Le résultat le plus marquant est l’essai de phase 1/2 du NI006. C’est essai à tester un anticorps dirigé spécifiquement contre les fibrilles amyloïdes à transthyrétine (Anticorps anti-ATTR). Le but de ce premier essai était d’obtenir des données d’efficacité, de sécurité et de définir la meilleure dose sur un petit nombre de patients afin de construire un essai d’envergure (phase 3). Cet essai a permis de mettre en évidence la capacité de l’anticorps à activer le système immunitaire et à « nettoyer « par ce biais les dépôts d’amylose intra-cardiaque. Il est à noter que la France a participé très activement à cet essai avec trois centres participants (Créteil, Toulouse et Rennes). L’essai de phase 3 va être lancé au courant du printemps en France et permettra d’évaluer l’impact de cet anticorps sur le devenir des patients.

Les autres essais publiés sont l’essai APPOLO-B qui montre que le patirisan est en capacité de ralentir la maladie cardiaque par rapport au placebo en termes de marqueurs biologiques et imageriques. L’essai a été construit principalement pour évaluer ces points (nombre de patients et durée de l’analyse). Le suivi dans cette étude se prolonge et tous les patients reçoivent le traitement.  L’étude ATTRIBUTE-CM a évolué dans de nombreux pays sauf la France l’intérêt de l’ACORAMIDIS dans l’ATTR-CM. La France n’a pas participé à cet essai car nous avons la chance d’avoir le Tafamidis en France et qu’il aurait été non éthique de mettre des patients sous placebo. L’essai est positif sur son critère principal qui est un critère combiné associant les événéments cliniques mais aussi l’absence d’aggravation du test de marche et d’un marqueur cardiaque d’insuffisance cardiaque (NT-proBNP). Il est possible qu’à terme ces nouveaux médicaments s’ajoutent aux traitements disponibles en France. Il faut bien-sûr du temps et l’autorisation des institutions françaises.

Nous aurons en 2024 les résultats de l’étude HELIOS-B, qui a testé de le vutrisiran dans les amyloses cardiaques à transthyrétine. Nous attendons les résultats avec impatience. Pour l’étude CARDIOTTRANSFORM, qui teste l’éplontersen, les résultats sont attendus en 2025. Ces deux traitements visent à bloquer la production de transthyrétine en modifiant les ARNmessager de transthyrétine.

Il est à souligner que plusieurs essais vont être probablement lancés en 2024 s’ils sont approuvés par nos institutions. Notamment deux essais de phase 3 sur les anticorps anti-ATTR et également l’essai sur CRISPR/Cas9 qui permet la recombinaison de l’ADN du gène de la transthyrétine. Ce traitement permettrait en une seule injection d’inhiber la production de transthyrétine à très très long terme.

Enfin la recherche dans les amyloses AL permet également de grande avancée. Le daratumumab sous-cutané qui est une immunothérapie anti globule blanc produisant les anticorps en excès est déployé dans toute la France. Plusieurs protocoles sont en cours pour tester de l’immunothérapie dirigée contre la chaîne légère ou les fibrilles amyloïdes.

 

La France est donc au premier plan de la recherche dans les amyloses cardiaques qu’elles soient AL ou ATTR et ceux grâce à l’investissement de nombreux soignants des filières de soin des maladies rares et du réseau amylose mais également et surtout grâce aux patients qui acceptent de participer à ces essais et à toutes les équipes de recherche et administrative qui encadrent au quotidien ces essais dans les hôpitaux.

Nous les remercions vivement de nous aider à faire avancer la recherche sans eux, rien ne serait possible.

Afin d’aider les patients à pouvoir recevoir les informations et à participer aux essais, nous mettrons sur le site du réseau amylose (www.reseau-amylose.org) les informations sur les essais ainsi que les coordonnées dans les centres des personnes à contacter. Il est important à souligner que  pour participer à un essai, il faut respecter des critères précis définis en amont dans le protocole.

 

Pr Thibaud DAMY, pour le Réseau Amylose,

Centre de Référence Amyloses Cardiaques, CHU Henri Mondor, Créteil.